jeudi, février 07, 2008

Mémoiresd'un orgue dans l'Hebdo de Lausanne Dominique Rosset 21.12.1995

Mémoires d'un orgue

Dominique Rosset
Il n'y a pas que les bulles d'une célèbre veuve qui méritent qu'on se souvienne de ce patronyme: l'orgue François-Henri Clicquot de Souvigny, dans l'Allier, est aussi, à sa manière, un vrai régal. Il est un des rares instruments français à n'avoir subi aucune mutilation (alors qu'il a été construit peu avant la Révolution) et sa palette sonore, très typée, témoigne d'un caractère hors de l'ordinaire. Thilo Muster (cotitulaire des orgues de la cathédrale de Genève) en dresse un portrait superbe et contrasté au fil d'oeuvres de Jean-Adam Guilain et de Jean-Jacques Beauvarlet-Charpentier (XVIIIe siè cle) ainsi que de transcriptions de Rameau ou Marin Marais. Enfin, il crée la «Suite pour Souvigny» de son ancien professeur, le compositeur et organiste Guy Bovet - une oeuvre qui, à elle seule, offre un parcours privilégié au coeur des timbres typiques de l'instrument... et un véritable condensé d'histoire musicale. Dans la droite ligne des compositions de cet improvisateur chevronné qui possède dans la tête et les doigts toute la mémoire des orgues. En onze brefs tableaux, Guy Bovet fait apparaître Monsieur Clicquot «facteur d'orgues du Roy», les fées de la légende de Souvigny, saint Mayeul, saint Odilon, dame Ermengarde et Blanche Biche ainsi que divers thèmes grégoriens et bribes baroques. «Tableaux naïfs», note Guy Bovet. Ou charmantes histoires sans paroles dites par un orgue étrange, très vieux et très malicieux. Gallo, 2 CD 863-864.

«Suites pour Souvigny»

Thilo Muster à l'orgue historique F.-H. Clicquot

Les EChos: Une femme envoyée à l'assaut du bastion socialiste de Clermont-Ferrand

Une femme envoyée à l'assaut du bastion socialiste de Clermont-Ferrand
[ 05/02/08 ]











Brice Hortefeux, le ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale a renoncé à être candidat dans un bastion socialiste depuis la Libération.

DE NOTRE CORRESPONDANTE À CLERMONT-FERRAND.

« Première en notoriété après Brice », selon ses termes, Anne Courtillé, conseillère régionale UMP, se retrouve en première ligne pour mener la campagne de la droite sarkozyste à Clermont-Ferrand depuis que le conseiller régional et ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux, a renoncé, fin novembre, à une candidature à laquelle il semblait se préparer depuis plusieurs années. Officiellement, ce retrait est dicté par la volonté de se consacrer à son ministère. Officieusement, un sondage privé réalisé cet automne dans la capitale auvergnate ne lui aurait pas été favorable. Le combat face au maire sortant, Serge Godard (1), qui, en 2001, l'emporta avec 57,57 % des voix au second tour, est-il trop difficile pour qu'un ministre en exercice prenne le risque d'une défaite ? Surtout que ce dernier semblait vouloir reconquérir la région en 2010.
« Je n'ai pas de plan de carrière », reconnaît pour sa part Anne Courtillé, s'attaquant vaillamment à ce bastion socialiste depuis la Libération. Elle compte parmi « les quatre femmes qui portent les espoirs de la majorité présidentielle dans les grandes villes françaises », selon Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, venu la soutenir.
Déjà, en 2001...
On ne peut cependant s'empêcher de faire un parallèle avec 2001 : battu de quelques centaines de voix en 1995 par un Roger Quilliot qui entamait un cinquième mandat de maire, Valéry Giscard d'Estaing, alors président de la région Auvergne, avait renoncé à affronter Serge Godard (qui avait remplacé Roger Quilliot en 1997) et désigné une femme inconnue, Paule Oudot, dont la liste était arrivée en troisième position au second tour, devancée par le centriste Michel Fanget, toujours en course cette année sous la bannière du Modem.
« La situation n'est pas la même. Je suis sur le terrain depuis 2001 et le mécontentement est plus grand vis-à-vis de l'équipe sortante », affirme Anne Courtillé, qui constitue une « liste de rassemblement » de toutes les composantes du gouvernement, « y compris socialiste », et de la société civile. Conseillère municipale de 1995 à 2001, elle avait été largement devancée par Odile Saugues (PS) dans la 1re circonscription aux législatives de 2002 et 2007.
Cette professeure émérite des universités, auteur de romans qui font « revivre le Clermont du Moyen Age », affiche de « grandes ambitions pour l'attractivité » de la métropole ; peut-être se rêve-t-elle en dame de Clermont du XXIe siècle, administrant sa ville avec « une touche féminine », en prêtant attention « à la propreté, à l'urbanisme, à la pollution visuelle... ».
SYLVIE JOLIVET


(1) Serge Godard (PS) conduit une liste qui englobe toutes les composantes de la gauche et Lutte ouvrière.

Jean Lebrun passionné par la figure de Lamennais: dans Esprit et Le Figaro

Jean Lebrun
Journaliste de campagne
Paris, Bleu autour, 2006
128 p. 10,00 €
On ne sait pas toujours que Jean Lebrun, l’une des voix connues de France-culture, est à l’origine un historien, bon connaisseur du XIXe siècle et passionné par la figure de Lamennais. Faut-il alors s’étonner qu’après avoir occupé des cases très matinales, il ait décidé de partir par monts et par vaux pour faire découvrir la France − non pas la France profonde mais la France tout court − aux élites qui écoutent la chaîne dite culturelle ? Le journaliste « de campagne » est celui qui ne résume pas son travail aux seules campagnes politiques. Au fil des pages, on saisit que la province n’est plus un désert et que la capitale, tout comme les chaînes publiques, doit s’accorder à d’autres rythmes que le sien. On apprécie aussi l’humour à la Lebrun, une qualité rare, celle qui permet de se mettre à distance. Au passage, Lebrun rappelle qu’il est passé un jour par Esprit et qu’une institution de ce type, un lieu initiatique disait-on jadis, n’est sûrement pas inutile pour former les futurs animateurs de radio… et quelques autres.
O. M.


Journaliste en campagne de Jean Lebrun Bleu Autour, 125 p., 10 eur.
SÉBASTIEN LAPAQUE
15/10/2007 | Mise à jour : 12:09 |
Dans les pas de Baudelaire, qui formula jadis des Conseils aux jeunes littérateurs, Jean Lebrun publie un livre aux allures de bréviaire du journalisme. Pour les familiers de France Culture, Jean Lebrun, c'est d'abord une voix. Celle de Culture-Matin et de Pot-au-Feu hier, celle de Travaux Publics aujourd'hui. Mais c'est aussi, mais c'est surtout une certaine idée de son métier. Micro en main dans les cafés où il cache sa renommée, Jean Lebrun interroge les uns et les autres avec l'ambition de « percer les secrets d'une France vivante mais insaisissable ». Ce qui donne à l'emploi de ce biographe de Lamennais des façons de ministère. « Il faut bien reconnaître, confesse-t-il, que le journaliste hors-venu, qui n'est pas né coiffé et qui ne veut pas être formaté, ne dispose pas de toutes les armes de ses innombrables compétiteurs mieux lotis. » On lira son livre pour découvrir qu'il a pourtant la meilleure part.