mercredi, janvier 13, 2010

"Werther" de Jules Massenet



Goethe par Georg Melchior Kraus (cf Birgitt KNORR...dankesehr)


Benoît Jacquot débute à l'Opéra de Paris, mais n'oublie pas sa caméra

PARIS, 13 jan 2010 (AFP) - 13/01/2010 16h15 - Le cinéaste Benoît Jacquot fera jeudi soir ses débuts à l'Opéra de Paris en mettant en scène "Werther" de Jules Massenet, une parenthèse "agréable", entre deux tournages, qui annonce un ou plusieurs autres projets lyriques.

"La musique a un rôle dans ma vie de cinéaste", explique à l'AFP le réalisateur de bientôt 63 ans qui se dit "très mélomane".

Cela s'est entendu dès le premier de ses quelque vingt films, "L'Assassin musicien", en 1975. Plus tard, en 2001, il y eut "Tosca", l'un des rares succès artistiques incontestables dans le genre hybride du film-opéra.

L'art lyrique n'était certes pas son univers d'origine. "Je suis metteur en scène de cinéma, et ça me paraissait, un peu bêtement, très antinomique avec l'opéra. Au cinéma, on a souvent tendance à demander aux acteurs d'en faire le moins possible pour produire le plus d'effets possibles, alors qu'à l'opéra il est naturel d'exprimer les émotions avec le plus d'éclat et d'emphase imaginables", fait-il valoir.

C'est le producteur Daniel Toscan du Plantier qui lui proposera de tourner "Tosca", avec Roberto Alagna et Angela Gheorghiu, mais en suivant son inclination personnelle, faite de plus d'intériorité que de flamboyance.

Le réalisateur aura l'idée d'un traitement original en mêlant le drame, filmé dans de superbes décors et costumes, à des scènes en noir et blanc de répétition en studio, avec "chanteurs en tee-shirt et chef d'orchestre en bras de chemise", pour montrer "l'opéra en train de se faire".

Benoît Jacquot fera à cette occasion la rencontre du chef italo-britannique Antonio Pappano. Devenu directeur musical de Covent Garden à Londres, le maestro lui proposera d'y signer sa première mise en scène d'opéra, "Werther" de Massenet en 2004.

C'est cette production que l'Opéra Bastille s'apprête à accueillir jusqu'au 4 février pour huit représentations, dont une diffusée en presque direct (le 26 janvier) sur Arte, dans une réalisation évidemment signée Benoît Jacquot, et sous la direction musicale experte de Michel Plasson.

"Tosca" était pour Benoît Jacquot encore du cinéma. Mais pour "Werther", c'est un spectacle vivant qu'on lui a commandé. "Je me suis trouvé à peu près dans la situation où j'étais quand j'ai tourné le premier plan de mon premier film. C'est très agréable, en même temps", estime le réalisateur.

"Ce qui m'a parlé, et plutôt enchanté, c'est la musique", souligne-t-il en la jugeant "rêveuse, délicate, parfois dramatique même, mais pas dans un sens spectaculaire".

Benoît Jacquot a veillé à ce que le public voit les chanteurs "avec le plus de vérité, de naturel et d'intensité possible", tout en les rendant mobiles avec un sens du mouvement quasi cinématographique.

La distribution parisienne l'enchante. Le ténor allemand Jonas Kaufmann, qui sera en prise de rôle, sera "exactement Werther", prédit Benoît Jacquot, qui se réjouit également de diriger la mezzo française Sophie Koch (Charlotte), "extrêmement sensible".

Le cinéaste a d'ores et déjà un nouveau projet - secret - de mise en scène lyrique pour 2014 à l'Opéra de Paris.

Mais pas question de mettre un frein à ses activités cinématographiques. "C'est de loin ce que je préfère faire, il est hors de question que je m'empêche de tourner des films", tranche-t-il.

Ce qui n'est pas de tout repos. "En 14 mois, j'aurais fait deux longs métrages de cinéma, un téléfilm et cet opéra. C'est énorme, je n'ai jamais travaillé autant !"