Willy Ronis en Arles
Willy RONIS à saint-germain des Fossés -1990 Photo Christian LOUIS
Willy Ronis
Exposition présentée à l'église Sainte-Anne
dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles
du 07 juillet au 30 aout 2009
La sélection des 80 photographies composant cette exposition rétrospective, présentée à l'église Sainte-Anne, vise à présenter un aspect de l’œuvre de Willy Ronis qui témoigne d’une conscience profonde de la nature même des images, et ce malgré son inscription traditionnelle dans le discours habituel du courant humaniste. Pour Ronis, la photographie n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’exprimer sa propre expérience des réalités sociales qui l’entourent. Qu’elles soient prises dans la rue, dans une usine, en pleine nature ou dans l’intimité, ses photographies constituent un recueil d’instants échelonnés sur l’ensemble de sa carrière de photographe, fondement de sa propre version du réel.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le flambeau de la photographie française est porté par le Groupe des XV, auquel appartiennent Robert Doisneau, René-Jacques, Marcel Bovis et, bien sûr, Willy Ronis. La vision anecdotique, la parodie, la tendresse, la finesse visuelle sont parmi les procédés narratifs chers à la photographie humaniste, et sa raison d’être. Les rues animées de Paris, ses quartiers populaires, ses flâneurs, des enfants en train de jouer, ou plus généralement des scènes de la vie de tous les jours constituent le décor dans lequel ces photographes allient poésie et vocation spontanée à "changer le monde".
Willy Ronis n’en est pas moins persuadé de l’imposture que recèle toute tentative de donner une vision édulcorée de l’injustice sociale par la photographie. Il se livre à une exploration systématique de la vie des classes les plus démunies, pleine de conviction et de lucidité. En témoignent ses photographies d’ouvriers, de piquets de grève et de harangues enflammées de syndicalistes, que ce soit aux usines Citroën (1936) et Renault (1950), aux mines de Saint-Étienne (1948), ou dans les rues de Paris (1950). Or, au delà de sa sensibilité aux conditions de travail, familiales et sociales des ouvriers de l’époque, affleure un photographe dont les intérêts sociopolitiques ne s’accommodent pas de fragments de vie croqués çà et là, mais exigent de lui un engagement actif. Ronis n’est pas misérabiliste, il ne maquille pas la pauvreté ; il n’esthétise pas les pauvres ni ne chante leurs louanges, mais s’associe à leurs revendications, à leur lutte, à leurs manifestes.
Marta Gil