Musée: Lausanne joue la carte du centre-ville dans le Temps
Lausanne
joue la carte
du centre-ville
Vaud Trois sites ont été retenus par la Ville pour implanter le futur Musée des beaux-arts
Marco Danesi
Lausanne a choisi le centre-ville. Loin des périphéries et des rives du Léman. Les sites retenus par la Municipalité incarnent une «vision résolument urbaine» pour le futur Musée cantonal des beaux-arts. La capitale joue ainsi ses atouts en réponse à l’appel d’offres lancé par le canton à la recherche de l’emplacement idéal pour ses collections après l’échec populaire de Bellerive en novembre 2008.
Le dépôt des locomotives CFF à proximité de la gare, le parc de la solitude près de l’ancienne Dolce Vita ainsi que le bâtiment de la Banque Cantonale Vaudoise à Chauderon sont les sites élus. Les deux premiers ont été sélectionnés par le groupe de travail, présidé par la municipale socialiste Silvia Zamora, dont la mission consistait à indiquer les meilleures adresses lausannoises pour le nouveau musée. Le troisième a été adjoint par l’exécutif soucieux d’ouvrir au maximum l’éventail des choix possibles.
Gustave Muheim, président de Lausanne Région, est venu apporter sa «caution morale» à la Municipalité. Une façon de marquer le soutien de toute l’agglomération aux ambitions lausannoises. Car les citoyens de la ville, après avoir écarté le bord du lac, ont exprimé néanmoins le désir de voir le nouveau musée se dresser dans la capitale vaudoise, a rappelé Silvia Zamora se référant aux conclusions de l’étude réalisée à la suite du scrutin.
Le groupe d’évaluation mis sur pied à son tour par le canton devra maintenant examiner tous les sites qui lui parviendront jusqu’au 30 juin. Parmi lesquels on comptera les propositions des sept communes qui ont manifesté leur volonté d’accueillir le musée (voir infographie).
Quant au palais de Rumine et à la place de la Riponne, au cœur de la controverse lors du débat autour de Bellerive, ils feront de toute façon l’objet d’une étude menée par l’architecte lausannois Rodolphe Luscher, père du Stade de Suisse à Berne et auteur de la transformation de la gare de Montreux. La décision finale, avec un emplacement à la clé, est attendue pour la rentrée prochaine, au mois de septembre 2009.
Urbain et intégré
Donc, le centre-ville. Sur les 19 suggestions reçues, le groupe de travail, composé entre autres par Yvette Jaggi, ancienne syndique de la ville, Pierre Keller, directeur de l’Ecole cantonal d’art de Lausanne, Bernard Fibicher, à la tête du musée, ou encore Jacques-André Audry, député d’écologie libérale et membre du comité référendaire qui a abouti au refus du projet Ying-Yang, a privilégié des sites très urbains, susceptibles de bien s’intégrer dans le bâti actuel, proche des transports publics. Bref, des lieux «correspondant aux exigences émises par les adversaires de Bellerive», explique Jacques-André Haury.
La halle des CFF, avec la bénédiction de l’ancienne régie, offre une friche industrielle prête à la réhabilitation. A deux pas de la gare, du métro et du réseau de bus de la ville, le dépôt où ronronnent encore les locomotives pourrait finalement se retrouver dans le périmètre d’une station agrandie, modernisée en hub géant pour trains internationaux, intercity et RER. Un musée d’Orsay lausannois.
La Solitude, et son nom l’indique, ressemble pour l’heure à une promenade peu fréquentée, un rien perdue entre une route, un terrain vague et des immeubles d’habitation. Non loin une halte du M2 brave le pont Bessières. Le parc est ainsi une promesse, plantée en pleine ville. L’espace vide pourrait alors stimuler l’imaginaire architectural. Le terrain, et ce n’est pas anodin, appartient à la commune.
Troisième invité inattendu, le bâtiment de la BCV à Chauderon symbolise en quelque sorte le retour du refoulé. Longtemps pressentie, la bâtisse avait finalement subi la loi du lac, de Bellerive. Le rêve d’une construction avant-gardiste entre ciel, terre et eau l’avait relégué au sort de filiale bancaire. A l’époque, les volumes de l’immeuble avaient semblé impraticables. De plus, le prix de vente, se souvient Jacques-André Haury, dépassait la disponibilité du canton. Aujourd’hui, fort de son «importance architecturale et patrimoniale», récite le communiqué de presse, le site revient en alternative. Un plan partiel d’affectation permet en outre d’envisager une annexe à proximité. Détail primordial, la BCV a déclaré son intérêt pour le projet.
Jacques-André Haury, fervent défenseur de la Riponne et de Rumine, se plaît finalement à échafauder une liaison inédite entre Chauderon et le palais néoclassique. Seules quelques centaines de mètres les séparent. Pourquoi ne pas rêver de va-et-vient entre les deux. Sans oublier qu’un tunnel relie le bâtiment de la BCV à la tour Galfetti voisine, qui souffre d’une certaine sous-utilisation, avance le député.
Bref, le débat repart de plus belle dans l’attente des propositions définitives des sept autres concurrents. Qui croient à leurs chances. Même si de plus en plus se fait jour la conviction que le nouveau Musée des beaux-arts ne pourra surgir qu’à Lausanne et, qui plus est, au centre de la ville. Vraiment urbain.
joue la carte
du centre-ville
Vaud Trois sites ont été retenus par la Ville pour implanter le futur Musée des beaux-arts
Marco Danesi
Lausanne a choisi le centre-ville. Loin des périphéries et des rives du Léman. Les sites retenus par la Municipalité incarnent une «vision résolument urbaine» pour le futur Musée cantonal des beaux-arts. La capitale joue ainsi ses atouts en réponse à l’appel d’offres lancé par le canton à la recherche de l’emplacement idéal pour ses collections après l’échec populaire de Bellerive en novembre 2008.
Le dépôt des locomotives CFF à proximité de la gare, le parc de la solitude près de l’ancienne Dolce Vita ainsi que le bâtiment de la Banque Cantonale Vaudoise à Chauderon sont les sites élus. Les deux premiers ont été sélectionnés par le groupe de travail, présidé par la municipale socialiste Silvia Zamora, dont la mission consistait à indiquer les meilleures adresses lausannoises pour le nouveau musée. Le troisième a été adjoint par l’exécutif soucieux d’ouvrir au maximum l’éventail des choix possibles.
Gustave Muheim, président de Lausanne Région, est venu apporter sa «caution morale» à la Municipalité. Une façon de marquer le soutien de toute l’agglomération aux ambitions lausannoises. Car les citoyens de la ville, après avoir écarté le bord du lac, ont exprimé néanmoins le désir de voir le nouveau musée se dresser dans la capitale vaudoise, a rappelé Silvia Zamora se référant aux conclusions de l’étude réalisée à la suite du scrutin.
Le groupe d’évaluation mis sur pied à son tour par le canton devra maintenant examiner tous les sites qui lui parviendront jusqu’au 30 juin. Parmi lesquels on comptera les propositions des sept communes qui ont manifesté leur volonté d’accueillir le musée (voir infographie).
Quant au palais de Rumine et à la place de la Riponne, au cœur de la controverse lors du débat autour de Bellerive, ils feront de toute façon l’objet d’une étude menée par l’architecte lausannois Rodolphe Luscher, père du Stade de Suisse à Berne et auteur de la transformation de la gare de Montreux. La décision finale, avec un emplacement à la clé, est attendue pour la rentrée prochaine, au mois de septembre 2009.
Urbain et intégré
Donc, le centre-ville. Sur les 19 suggestions reçues, le groupe de travail, composé entre autres par Yvette Jaggi, ancienne syndique de la ville, Pierre Keller, directeur de l’Ecole cantonal d’art de Lausanne, Bernard Fibicher, à la tête du musée, ou encore Jacques-André Audry, député d’écologie libérale et membre du comité référendaire qui a abouti au refus du projet Ying-Yang, a privilégié des sites très urbains, susceptibles de bien s’intégrer dans le bâti actuel, proche des transports publics. Bref, des lieux «correspondant aux exigences émises par les adversaires de Bellerive», explique Jacques-André Haury.
La halle des CFF, avec la bénédiction de l’ancienne régie, offre une friche industrielle prête à la réhabilitation. A deux pas de la gare, du métro et du réseau de bus de la ville, le dépôt où ronronnent encore les locomotives pourrait finalement se retrouver dans le périmètre d’une station agrandie, modernisée en hub géant pour trains internationaux, intercity et RER. Un musée d’Orsay lausannois.
La Solitude, et son nom l’indique, ressemble pour l’heure à une promenade peu fréquentée, un rien perdue entre une route, un terrain vague et des immeubles d’habitation. Non loin une halte du M2 brave le pont Bessières. Le parc est ainsi une promesse, plantée en pleine ville. L’espace vide pourrait alors stimuler l’imaginaire architectural. Le terrain, et ce n’est pas anodin, appartient à la commune.
Troisième invité inattendu, le bâtiment de la BCV à Chauderon symbolise en quelque sorte le retour du refoulé. Longtemps pressentie, la bâtisse avait finalement subi la loi du lac, de Bellerive. Le rêve d’une construction avant-gardiste entre ciel, terre et eau l’avait relégué au sort de filiale bancaire. A l’époque, les volumes de l’immeuble avaient semblé impraticables. De plus, le prix de vente, se souvient Jacques-André Haury, dépassait la disponibilité du canton. Aujourd’hui, fort de son «importance architecturale et patrimoniale», récite le communiqué de presse, le site revient en alternative. Un plan partiel d’affectation permet en outre d’envisager une annexe à proximité. Détail primordial, la BCV a déclaré son intérêt pour le projet.
Jacques-André Haury, fervent défenseur de la Riponne et de Rumine, se plaît finalement à échafauder une liaison inédite entre Chauderon et le palais néoclassique. Seules quelques centaines de mètres les séparent. Pourquoi ne pas rêver de va-et-vient entre les deux. Sans oublier qu’un tunnel relie le bâtiment de la BCV à la tour Galfetti voisine, qui souffre d’une certaine sous-utilisation, avance le député.
Bref, le débat repart de plus belle dans l’attente des propositions définitives des sept autres concurrents. Qui croient à leurs chances. Même si de plus en plus se fait jour la conviction que le nouveau Musée des beaux-arts ne pourra surgir qu’à Lausanne et, qui plus est, au centre de la ville. Vraiment urbain.