Le temps-Geneve: En Lorraine, un nouveau musée donne l’espoir à une région de focaliser les regards sur elle .
En Lorraine, un nouveau musée donne l’espoir à une région de focaliser les regards sur elle .
Par Philippe Mathonnet, Metz
Metz mise sur un effet d’attractivité
Lors de notre visite, la semaine d ernière, sur le site du nouveau musée d’art de Metz, le chantier bruissait d’activités. L’avancement de la construction permet déjà de comprendre l’allure, l’ampleur et la complexité du bâtiment. Le chantier devrait encore durer une douzaine de mois. L’ouverture au public est agendée à fin 2009, plus vraisemblablement début 2010.
A cette date, le Centre Pompidou-Metz ressemblera à un chapeau chinois – objet dont s’est inspiré son architecte, le Japonais Shigeru Ban, associé au Français Jean de Gastines. Il recouvrira un empilement de trois longues boîtes oblongues. Les dimensions intérieures de ces trois galeries d’exposition sont de 80 mètres de longueur par 14 mètres de largeur et 5 de hauteur. Elles ne sont pas superposées mais orientées chacune différemment selon un des axes d’un hexagone. Figure qui donne sa trame à l’ensemble.
Ces trois galeries sont flanquées d’une tour qui assure la circulation verticale des visiteurs et son sommet, à une quarantaine de mètres de hauteur, sert d’ancrage à la toiture. Celle-ci est formée d’un maillage, un entrecroisement de charpente en bois reprenant le tramage de l’hexagone. Elle est construite avec 18 kilomètres de planches et son poids total avoisine les 650 tonnes. Les efforts de contrainte et de tension de ce maillage ont été testés aux Ecoles techniques Bois de Bienne (Suisse). Cette structure sera recouverte d’une membrane de 8000 m 2 en polyéthylène, fibres de verre et résine teflon, de couleur blanche.
«C’est particulièrement élégant et aérien et, dans la région, les gens sont fiers de la modernité de cette construction», nous confiait un couple rencontré à la Maison du projet, un petit centre d’information ouvert au public en bordure du chantier. Nous leur demandions quelles étaient les réactions à cet édifice parmi les habitants. Et si cela semble bien l’avis majoritaire, il y a des bémols. A feuilleter les press-books disponibles à la Maison du projet, il y a forcément des opinions contraires. D’autant que ce qui en pointe, à la mode, est bâti sur une notion changeante, fragile.
Et certains, face à ce musée très typé, de se demander: «Et si Pompidou-Metz n’était pas assez moderne!», autrement dit vite dépassé. Tandis que d’autres personnes mettent inévitablement en avant la notion d’élitisme que véhicule un musée d’art moderne. Comme le peintre Phil Donny, artiste local, qui s’appuyant sur son doute d’un art universellement partagé en vient à penser que «l’art ou un musée en particulier ne crée pas de lien social». D’où sa déduction que «ce musée ne sera qu’un centre commercialo-culturel» (in Le Républicain lorrain, 11.11.07).
Plus fâcheux en revanche, les dépassements de coûts. Estimé initialement à 38 millions d’euros, l’aménagement pourrait s’élever finalement à 60,7 millions d’euros (92 millions de francs suisses), si ce n’est même un peu plus. En raison des difficultés de conduite de l’ouvrage, le chantier étant largement expérimental. Mais aussi à cause d’une imprécision concernant l’enveloppe budgétaire.
Le maire de Metz qui a lancé le projet, Jean-Marie Rausch, a utilisé à un moment une formulation trop vague. Près de quarante ans de règne à la tête de la ville lui ayant poli la dialectique, il commenta en 2006 une augmentation de 15 millions d’euros en disant que «c’est pour tout ce qui est autour». Il voulait parler des honoraires et assistances. Le public comprit qu’il s’agissait des aménagements autour du Centre.
Le quiproquo est instructif. Il indique qu’un musée n’est jamais bon marché. Le Musée des Confluences, musée des sciences et des sociétés, qui est en train de naître à Lyon est devisé à 150 millions d’euros (225 millions de francs suisses). Insensé? Peut-être, mais un musée est à recevoir comme tout autre équipement d’importance, tel un grand centre de tri postal urbain, par exemple. Il a la même nécessité. Metz a ainsi dans ses envies et besoins de construire un nouvel hôpital et un centre des congrès. Le musée est passé avant.
Le quiproquo indique également que le public a parfaitement entendu le message. Les habitants de Metz attendent en effet que les alentours soient mis en valeur et que le lieu serve de pôle d’attraction. Une arborisation du site et une esplanade sont du reste prévues. Mieux même. Un musée a un effet structurant. Et à Metz il va permettre la redéfinition urbanistique de toute une zone, en friche, à proximité de la gare.
Avec ses 125 000 habitants intra muros et ses quelque 325 000 résidents dans la quarantaine de communes qui forment sa communauté urbaine, Metz a des équivalences d’échelle avec Lausanne. Et les édiles de la Communauté d’Agglomération de Metz-Métropole, à travers les différents arguments qu’ils font valoir, mettent en avant la formidable opportunité que représente ce projet de musée pour Metz, lui trouvant un effet d’entraînement incontestable. A leurs yeux, une telle offre culturelle est un facteur incontournable de développement et d’attractivité .
Metz veut construire un nouvel hôpital
et un centre des congrès. Le musée est passé avant
Par Philippe Mathonnet, Metz
Metz mise sur un effet d’attractivité
Lors de notre visite, la semaine d ernière, sur le site du nouveau musée d’art de Metz, le chantier bruissait d’activités. L’avancement de la construction permet déjà de comprendre l’allure, l’ampleur et la complexité du bâtiment. Le chantier devrait encore durer une douzaine de mois. L’ouverture au public est agendée à fin 2009, plus vraisemblablement début 2010.
A cette date, le Centre Pompidou-Metz ressemblera à un chapeau chinois – objet dont s’est inspiré son architecte, le Japonais Shigeru Ban, associé au Français Jean de Gastines. Il recouvrira un empilement de trois longues boîtes oblongues. Les dimensions intérieures de ces trois galeries d’exposition sont de 80 mètres de longueur par 14 mètres de largeur et 5 de hauteur. Elles ne sont pas superposées mais orientées chacune différemment selon un des axes d’un hexagone. Figure qui donne sa trame à l’ensemble.
Ces trois galeries sont flanquées d’une tour qui assure la circulation verticale des visiteurs et son sommet, à une quarantaine de mètres de hauteur, sert d’ancrage à la toiture. Celle-ci est formée d’un maillage, un entrecroisement de charpente en bois reprenant le tramage de l’hexagone. Elle est construite avec 18 kilomètres de planches et son poids total avoisine les 650 tonnes. Les efforts de contrainte et de tension de ce maillage ont été testés aux Ecoles techniques Bois de Bienne (Suisse). Cette structure sera recouverte d’une membrane de 8000 m 2 en polyéthylène, fibres de verre et résine teflon, de couleur blanche.
«C’est particulièrement élégant et aérien et, dans la région, les gens sont fiers de la modernité de cette construction», nous confiait un couple rencontré à la Maison du projet, un petit centre d’information ouvert au public en bordure du chantier. Nous leur demandions quelles étaient les réactions à cet édifice parmi les habitants. Et si cela semble bien l’avis majoritaire, il y a des bémols. A feuilleter les press-books disponibles à la Maison du projet, il y a forcément des opinions contraires. D’autant que ce qui en pointe, à la mode, est bâti sur une notion changeante, fragile.
Et certains, face à ce musée très typé, de se demander: «Et si Pompidou-Metz n’était pas assez moderne!», autrement dit vite dépassé. Tandis que d’autres personnes mettent inévitablement en avant la notion d’élitisme que véhicule un musée d’art moderne. Comme le peintre Phil Donny, artiste local, qui s’appuyant sur son doute d’un art universellement partagé en vient à penser que «l’art ou un musée en particulier ne crée pas de lien social». D’où sa déduction que «ce musée ne sera qu’un centre commercialo-culturel» (in Le Républicain lorrain, 11.11.07).
Plus fâcheux en revanche, les dépassements de coûts. Estimé initialement à 38 millions d’euros, l’aménagement pourrait s’élever finalement à 60,7 millions d’euros (92 millions de francs suisses), si ce n’est même un peu plus. En raison des difficultés de conduite de l’ouvrage, le chantier étant largement expérimental. Mais aussi à cause d’une imprécision concernant l’enveloppe budgétaire.
Le maire de Metz qui a lancé le projet, Jean-Marie Rausch, a utilisé à un moment une formulation trop vague. Près de quarante ans de règne à la tête de la ville lui ayant poli la dialectique, il commenta en 2006 une augmentation de 15 millions d’euros en disant que «c’est pour tout ce qui est autour». Il voulait parler des honoraires et assistances. Le public comprit qu’il s’agissait des aménagements autour du Centre.
Le quiproquo est instructif. Il indique qu’un musée n’est jamais bon marché. Le Musée des Confluences, musée des sciences et des sociétés, qui est en train de naître à Lyon est devisé à 150 millions d’euros (225 millions de francs suisses). Insensé? Peut-être, mais un musée est à recevoir comme tout autre équipement d’importance, tel un grand centre de tri postal urbain, par exemple. Il a la même nécessité. Metz a ainsi dans ses envies et besoins de construire un nouvel hôpital et un centre des congrès. Le musée est passé avant.
Le quiproquo indique également que le public a parfaitement entendu le message. Les habitants de Metz attendent en effet que les alentours soient mis en valeur et que le lieu serve de pôle d’attraction. Une arborisation du site et une esplanade sont du reste prévues. Mieux même. Un musée a un effet structurant. Et à Metz il va permettre la redéfinition urbanistique de toute une zone, en friche, à proximité de la gare.
Avec ses 125 000 habitants intra muros et ses quelque 325 000 résidents dans la quarantaine de communes qui forment sa communauté urbaine, Metz a des équivalences d’échelle avec Lausanne. Et les édiles de la Communauté d’Agglomération de Metz-Métropole, à travers les différents arguments qu’ils font valoir, mettent en avant la formidable opportunité que représente ce projet de musée pour Metz, lui trouvant un effet d’entraînement incontestable. A leurs yeux, une telle offre culturelle est un facteur incontournable de développement et d’attractivité .
Metz veut construire un nouvel hôpital
et un centre des congrès. Le musée est passé avant