Jean-Luc Petitrenaud « serrurier de la bouche » Journal de saone et Loire 2007
Publié le : dimanche 17 juin 2007
AUJOURD'HUI A 12 HEURES SUR FRANCE 5
Jean-Luc Petitrenaud « serrurier de la bouche »
Jean-Luc Petitrenaud, Chantal Chagny et Georges Dubœuf, dans les cuisines du « Cep », à Fleurie (photo JSL)
Jean-Luc Petitrenaud a inventé un nouveau style de chronique gastronomique, mêlant amour des mots, amour des gens et retour aux racines. Rencontre, en Beaujolais, avec un poète des casseroles.
A la ville comme à l'écran, Jean-Luc Petitrenaud est un personnage. Promenant son inimitable accent auvergnat dans tous les coins de l'Hexagone, il a, par son style, renouvelé le genre de la chronique gastronomique. Avec lui, la table devient fête. Une fête des mots, des sens, des gens, une fête émaillée d'histoires à raconter. Au milieu du mois de mai, le journaliste a sillonné le Beaujolais pour son émission de la Cinq, Les escapades de Petitrenaud (1). A la clé, encore de belles rencontres. Avec Georges Duboeuf, avec Chantal Chagny (2), et, la Saône franchie, avec Georges Blanc.
Dehors, le soleil tape dur. Le thermomètre frise les 30° quand Petitrenaud, courte sieste soldée, pousse la porte de l'Auberge du Cep à Fleurie. Une institution beaujolaise : décor campagnard, salle poutrée, service de grande maison et plats du terroir. A l'intérieur, l'équipe s'active autour de Claudy Toche, la productrice de l'émission. Les câbles courent entre les bahuts anciens éclairés par les projecteurs. C'est clair, il y a plus de monde dans la salle qu'en cuisine. Mais c'est ça une émission de télé : du matériel, des moyens techniques. Cravate orange « pétante » sur une chemise blanche, le chroniqueur n'a pas trouvé le temps de déjeuner. Il est 17 heures, et le dialogue s'engage devant un filet de charolais aux pâtes fraîches, précédé d'un beaujolais blanc, et escorté d'un fleurie tout en fruit.
« J'ai toujours adoré le livre d'Alain Chapel. Il disait que la cuisine, c'est autre chose que des recettes. » Il a la poésie à fleur de lèvres, Jean-Luc Petitrenaud : « La cuisine, c'est un besoin d'amour, d'amitié, de partage, une attente, un désir aiguisé. Je n'avais pas envie de passer à côté de ça. » Fermez le banc. Le regard pétille, l'assiette recule devant le coup de fourchette. Le chroniqueur - de l'Express, d'Europe 1, de France 5 - explique sa différence : « Quand j'ai débuté, on sortait des émissions de recettes façon Raymond Oliver. Je trouvais qu'il y avait une telle épaisseur chez ces artisans que je croisais. J'aime tous ces gens qui viennent palpiter à côté de moi. »
Tutoiement de rigueur
Le journaliste n'a pas son pareil pour mettre ses invités à l'aise. Le tutoiement est de rigueur, la chaleur toujours présente. Une pincée d'empathie dans les casseroles. Pourtant, rien ne prédestinait Jean-Luc Petitrenaud au tour de France des tables étoilées et des artisans vertueux. Né à Clermont-Ferrand il y a 57 ans, l'homme a accosté sur les rives de l'âge adulte avec pour seul bagage un CAP de chaudronnier et de soudeur. Ensuite, il a passé un bac technique, sans jamais renier sa passion pour les mots : « J'étais un littéraire qui lisait Proust toute la nuit. J'ai commencé par écrire des nouvelles radiophoniques en m'appuyant sur les traditions locales. »
Parallèlement vibrait la table, l'autre passion du poète des cuisines : « Mes premières chroniques, je les ai signées au début des années quatre-vingt. »
Un quart de siècle a passé. Le chroniqueur fait partie des gens qui comptent au royaume des toques : moins redouté que le guide rouge, plus proche des chefs, avec lesquels il entretient des relations d'amitié. Car il ne décerne ni notes ni étoiles.
Ses goûts en cuisine ? Basés sur l'authentique. « Je suis un amoureux de la cuisine bourgeoise. Tout ce qui me rappelle mes fondations et mon enfance me fait avancer. » Cet homme-là, c'est sûr, trouve son bonheur dans la chaleur d'un casse-croûte. Ce qui n'exclut pas une perception « moderne » de l'équilibre des saveurs : « Sur le palais, je veux trouver deux à trois clés. Je suis un serrurier de la bouche. »
Dans les cuisines du Cep, Petitrenaud soulève les couvercles, il goûte, il lape, il commente. La brigade a le sourire, Chantal Chagny et Georges Dubœuf aussi. Aujourd'hui, l'équipe reprendra la route, direction Vonnas, pour une virée chez Georges Blanc. Il y a de pires punitions pour un journaliste.
J.-Ph. CHAPELON
(1) Aujourd'hui à 12 heures, sur France 5.
(2) Propriétaire de l'Auberge du Cep.
Jean-Luc Petitrenaud a inventé un nouveau style de chronique gastronomique, mêlant amour des mots, amour des gens et retour aux racines. Rencontre, en Beaujolais, avec un poète des casseroles.
AUJOURD'HUI A 12 HEURES SUR FRANCE 5
Jean-Luc Petitrenaud « serrurier de la bouche »
Jean-Luc Petitrenaud, Chantal Chagny et Georges Dubœuf, dans les cuisines du « Cep », à Fleurie (photo JSL)
Jean-Luc Petitrenaud a inventé un nouveau style de chronique gastronomique, mêlant amour des mots, amour des gens et retour aux racines. Rencontre, en Beaujolais, avec un poète des casseroles.
A la ville comme à l'écran, Jean-Luc Petitrenaud est un personnage. Promenant son inimitable accent auvergnat dans tous les coins de l'Hexagone, il a, par son style, renouvelé le genre de la chronique gastronomique. Avec lui, la table devient fête. Une fête des mots, des sens, des gens, une fête émaillée d'histoires à raconter. Au milieu du mois de mai, le journaliste a sillonné le Beaujolais pour son émission de la Cinq, Les escapades de Petitrenaud (1). A la clé, encore de belles rencontres. Avec Georges Duboeuf, avec Chantal Chagny (2), et, la Saône franchie, avec Georges Blanc.
Dehors, le soleil tape dur. Le thermomètre frise les 30° quand Petitrenaud, courte sieste soldée, pousse la porte de l'Auberge du Cep à Fleurie. Une institution beaujolaise : décor campagnard, salle poutrée, service de grande maison et plats du terroir. A l'intérieur, l'équipe s'active autour de Claudy Toche, la productrice de l'émission. Les câbles courent entre les bahuts anciens éclairés par les projecteurs. C'est clair, il y a plus de monde dans la salle qu'en cuisine. Mais c'est ça une émission de télé : du matériel, des moyens techniques. Cravate orange « pétante » sur une chemise blanche, le chroniqueur n'a pas trouvé le temps de déjeuner. Il est 17 heures, et le dialogue s'engage devant un filet de charolais aux pâtes fraîches, précédé d'un beaujolais blanc, et escorté d'un fleurie tout en fruit.
« J'ai toujours adoré le livre d'Alain Chapel. Il disait que la cuisine, c'est autre chose que des recettes. » Il a la poésie à fleur de lèvres, Jean-Luc Petitrenaud : « La cuisine, c'est un besoin d'amour, d'amitié, de partage, une attente, un désir aiguisé. Je n'avais pas envie de passer à côté de ça. » Fermez le banc. Le regard pétille, l'assiette recule devant le coup de fourchette. Le chroniqueur - de l'Express, d'Europe 1, de France 5 - explique sa différence : « Quand j'ai débuté, on sortait des émissions de recettes façon Raymond Oliver. Je trouvais qu'il y avait une telle épaisseur chez ces artisans que je croisais. J'aime tous ces gens qui viennent palpiter à côté de moi. »
Tutoiement de rigueur
Le journaliste n'a pas son pareil pour mettre ses invités à l'aise. Le tutoiement est de rigueur, la chaleur toujours présente. Une pincée d'empathie dans les casseroles. Pourtant, rien ne prédestinait Jean-Luc Petitrenaud au tour de France des tables étoilées et des artisans vertueux. Né à Clermont-Ferrand il y a 57 ans, l'homme a accosté sur les rives de l'âge adulte avec pour seul bagage un CAP de chaudronnier et de soudeur. Ensuite, il a passé un bac technique, sans jamais renier sa passion pour les mots : « J'étais un littéraire qui lisait Proust toute la nuit. J'ai commencé par écrire des nouvelles radiophoniques en m'appuyant sur les traditions locales. »
Parallèlement vibrait la table, l'autre passion du poète des cuisines : « Mes premières chroniques, je les ai signées au début des années quatre-vingt. »
Un quart de siècle a passé. Le chroniqueur fait partie des gens qui comptent au royaume des toques : moins redouté que le guide rouge, plus proche des chefs, avec lesquels il entretient des relations d'amitié. Car il ne décerne ni notes ni étoiles.
Ses goûts en cuisine ? Basés sur l'authentique. « Je suis un amoureux de la cuisine bourgeoise. Tout ce qui me rappelle mes fondations et mon enfance me fait avancer. » Cet homme-là, c'est sûr, trouve son bonheur dans la chaleur d'un casse-croûte. Ce qui n'exclut pas une perception « moderne » de l'équilibre des saveurs : « Sur le palais, je veux trouver deux à trois clés. Je suis un serrurier de la bouche. »
Dans les cuisines du Cep, Petitrenaud soulève les couvercles, il goûte, il lape, il commente. La brigade a le sourire, Chantal Chagny et Georges Dubœuf aussi. Aujourd'hui, l'équipe reprendra la route, direction Vonnas, pour une virée chez Georges Blanc. Il y a de pires punitions pour un journaliste.
J.-Ph. CHAPELON
(1) Aujourd'hui à 12 heures, sur France 5.
(2) Propriétaire de l'Auberge du Cep.
Jean-Luc Petitrenaud a inventé un nouveau style de chronique gastronomique, mêlant amour des mots, amour des gens et retour aux racines. Rencontre, en Beaujolais, avec un poète des casseroles.