vendredi, janvier 18, 2008

Didier Gomez

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L'Express du 02/11/2006
Dans les murs de…
Didier Gomez
par Marion Vignal
Le designer star de Ligne Roset nous a ouvert les portes de sa demeure: un incroyable havre de paix et de verdure en plein cœur du Marais, à Paris. Visite guidée


Et l'homme créa la forme




La silhouette d'hidalgo ne vous est pas totalement inconnue? Logique. Si vous êtes lecteur de magazines de décoration, vous êtes forcément tombé sur une campagne de pub où Didier Gomez prend la pose, un brin lascif, le plus souvent pieds nus, allongé sur un de ses généreux canapés estampillés Cinna ou Roset. Même si le designer et architecte ne rechigne pas à prêter sa taille mannequin à son plus fidèle éditeur, il cultive en privé une discrétion à toute épreuve. A l'image de sa maison: un insoupçonnable îlot de paix et de verdure en plein cœur de Paris.



Passée une façade d'immeuble décatie, le visiteur pénètre dans une cour au parfum de lauriers et de camélias. Sur les marches du perron opposé, Didier Gomez, la cinquantaine élégante, attend son hôte pour le mener vers son trésor: un vaste appartement de plain-pied sur un jardin rempli d'herbes folles, de marguerites et de rosiers. A deux pas de la faune branchée du Marais, il règne ici une atmosphère de campagne savamment élaborée. «Il y a dix ans, rien de tout cela n'existait, l'endroit était occupé par une ancienne usine de produits pharmaceutiques. Autant dire que ce lieu ressemblait plutôt à une décharge. J'ai tout créé, de la maison au jardin il a même fallu abattre des murs pour faire entrer les arbres!» se souvient-il. Au terme d'un an de travaux et de batailles diverses - difficile de l'imaginer, mais ses voisins avaient mis en place une pétition contre la création de son jardin! - le lieu prend forme, épousant les goûts de son propriétaire, amateur de métissage. «Si on aime vraiment les choses que l'on possède, elles vont forcément ensemble, déclare-t-il. Une bonne décoration, c'est comme une recette de cuisine: chaque détail compte, mais, finalement, il faut surtout que ce soit naturel. Quand un endroit est guindé ou trop parfait, le charme est rompu. Ce qui est beau, ce sont les défauts. C'est pour cette raison que j'adore créer des accidents. Comme mon jardin qui a l'air abandonné, il n'en est que plus poétique.»

Au salon, univers et époques se mélangent agréablement. Quelques pièces cultes du design y tiennent la vedette. Le tabouret Butterfly de Yanagi côtoie un fauteuil de Paulin, une chaise d'Eames, un guéridon Arts déco de Franck. Aux murs, des masques africains rivalisent avec des dessins au crayon noir et blanc, des livres d'art. De chaque objet, c'est un chapitre de la vie du propriétaire qui transparaît. A commencer par le piano à queue laqué noir (qui appartenait à son ami le comédien Michel Blanc), évoquant ses premières amours pour la musique. Tout comme l'affiche d'un Rigoletto, donné à la Scala de Milan: l'un des livrets préférés de celui qui quitta sa province à 15 ans, nourrissant le rêve de devenir chanteur d'opéra. Prêt à tout pour changer de décor. Didier Gomez n'a pas toujours habité les beaux quartiers. Il a grandi à Moulins, dans l'Allier. «Nous habitions une cité, un endroit très moche qui vous donne envie de vous en sortir.» Son père, d'origine andalouse, est comptable; sa mère, secrétaire; lui se passionne dès l'âge de 8 ans pour le «beau». Il découpe des photos de mobilier, traverse le Prado avec jubilation, l'Alhambra avec fascination. Comment a-t-il ensuite embrassé la carrière d'architecte d'intérieur? «En autodidacte complet, au gré des voyages, des trouvailles aux Puces et de quelques rencontres clefs», avoue-t-il, non sans la fierté de celui qui s'est fait tout seul. En 1978, il se voit refuser l'entrée du Salon du meuble de Paris, alors réservé uniquement aux professionnels. Qu'à cela ne tienne, il achète des crayons, un cahier, bien décidé à revenir l'année d'après avec sa propre collection. Dans les pages jaunes, il déniche ses fabricants, ébénistes et tapissiers. Ses premiers modèles voient le jour et connaissent le succès d'emblée. «C'était la fin des années 1970, il y avait le style Paulin d'un côté, qui s'épuisait, et de l'autre le classique français des grands décorateurs. Je suis arrivé en m'emparant de la mémoire des choses et en les transformant en contemporain: ça a plu.» Puis il y eut la rencontre d'Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé, pour qui il signa l'architecture intérieure des bureaux de l'Opéra de la Bastille à partir de 1980. «Pierre Bergé m'a enseigné l'exigence», confie celui qui se spécialisa ensuite dans les sièges sociaux ou les espaces commerciaux pour Yves Saint Laurent, Christian Dior, Louis Vuitton, Jean-Paul Gaultier... En 1996, c'est Michel Roset qui donne un coup de fouet à sa carrière, en le propulsant designer de canapés. «L'éditeur cherchait une autre approche que le style italien, il lui manquait une voie plus "décorateur".» Opium, Rive Gauche, Nomade, Stricto Sensu... Que ce soit pour Cinna ou Ligne Roset, ses canapés et méridiennes suivent tous des lignes généreuses, mais délicatement épurées. De quoi ravir les amateurs de classique contemporain. «J'aime ne pas être dans la mode: à mon sens, le travail d'un designer consiste à créer des objets intemporels.» Une philosophie qui ne l'empêche pourtant pas de signer la déco de lieux branchés aux quatre coins du monde, de Paris à Moscou, en passant par Almaty, au Kazakhstan. Après le restaurant le Mood, ouvert en mai sur les Champs-Elysées, il vient de mettre la dernière touche à la brasserie panoramique du Printemps. Le tout avant de se lancer dans un projet de longue haleine, la réhabilitation des Grands Moulins de Pantin pour le nouveau siège de la BNP qui devrait voir le jour à l'horizon de 2009.

www.didiergomez.com

Jean-Paul Geai

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Michon né dans la Creuse et passé chez Rome (1 rue des Gras)

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Né en 1945, originaire de Mourioux dans la Creuse, Pierre Michon «un écrivain qui n’écrit pas» ou peu


Mourioux
France
Région Limousin
Département Creuse
Arrondissement Arrondissement de Guéret
Canton Canton de Bénévent-l'Abbaye

Pierre Michon : Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature
Albin Michel, 396 p. 22 euros.

Né en 1945, originaire de Mourioux dans la Creuse, Pierre Michon «un écrivain qui n’écrit pas» ou peu, incarne depuis une petite vingtaine d’années la figure du classique français vivant (promis — par la récente disparition de Julien Gracq — au statut de «statue du commandeur»).

Grâce aux Vies minuscules (1984) — une sorte d’autobiographie perpendiculaire —, que suivirent des portraits obliques de peintres (Van Gogh, Watteau, Goya) puis Rimbaud le fils puis quelques proses brèves… loin des avant-gardes et de leurs métamorphoses (Sollers), loin des trois voies du nouveau d’alors (façon Jean Echenoz, Pascal Quignard ou Renaud Camus), loin aussi d’autres qui croient aux racines ou au peuple — des villes et des campagnes (et qui lui sont à tort souvent comparé : Pierre Bergounioux, Richard Millet, François Bon): «Je crois bien n’avoir plus d’autre racine que la lettre», déclare Pierre Michon.