Gavino Ledda -Conférence en 1978 à Clermont-Ferrand
http://www.cannes-fest.com/1977.htm
Padre Padrone se base sur le roman autobiographique de Gavino Ledda, dans lequel un berger sardinien se détache de la tyrannie de son père afin de devenir linguiste et écrivain. Le film débute alors que l’écrivain Gavino Ledda tend un bâton de berger à l’acteur interprétant son père, lui disant:
«Mon père en avait un aussi». La prochaine scène montre le père pénétrant en furie dans la classe de son fils pour le ramener à la ferme, où il apprendra le métier de berger. Ce père brutal, Elisio, terrifie les autres enfants de la classe et même le professeur lorsqu’il dit: «Mettez vos mains sur votre table. Aujourd’hui, c’est le tour de Gavino, demain, ce sera le vôtre». Cette phrase mène à une exploration subjective de voice-over qui repousse le film hors des bornes de l’autobiographie. Quelques variations sur ce thème sont évoquées lorsque les gros plans des enfants se voient accompagnés de pensées subjectives (un des enfants allant jusqu’à espérer la mort de son père).
Ce film présente un «je» actif, où Gavino Ledda lui-même apparaît dans la première et la dernière scène. Entre-temps, les frères Taviani utilisent, parmi un large éventail d’effets musicaux, une bande sonore expressive qui rend universelle l’expérience de Ledda, et qui place le film dans une lignée idéologique enveloppante, rappelant le travail de Visconti dans La Terra Trema, Visconti appliquant plus ou moins la même recette à son protagoniste, un pêcheur exploité. Les frères Taviani intériorisent l’oppression et l’exploitation en démonisant la figure du père, contrastant nettement avec l’attitude positive de la famille dans La Terra Trema. Mais une assertion certaine se révèle dans les nombreux mouvements de caméra, passant de la famille et la ferme des Ledda aux vastes champs et fermes voisins, ainsi qu’aux autres fils oppressés, tout cela suggérant un transfert du personnel à l’historique. Comme dans La Terra Trema de Visconti, les champs à perte de vue évoquent une prison métaphorique ainsi qu’une réflexion historique des conflits nord-sud en Italie, plus précisément, le problème social opposant pauvres et riches.