«Monsieur Joseph» avec Daniel Prevost..scénario de jacques Santamaria
Dès la première minute, «Monsieur Joseph» frappe par sa lenteur faussement paisible, entêtante. Elle ne se démentira pas. Une main d'homme range côte à côte des chaussures noires bien cirées, une chemise blanche bien repassée, un pantalon bien plié. Cette main, on la reverra, souvent : C'est celle de Monsieur Joseph, libraire et bibliophile d'une petite ville du nord de la France. Et elle écrit, dans une belle graphie régulière : «Monsieur le commissaire... C'est mercredi dernier que tout a commencé.» On entend, off, la voix posée de Monsieur Joseph.
Sa femme, Tina, a disparu. Au début, il ne s'est pas inquiété, mais la fugueuse d'ordinaire prévient. Là, pas un coup de fil. Il cache son anxiété, s'attache à mener une vie normale, par exemple prendre son petit café matinal au bistrot du coin. Et lui, né Youssef, d'un père algérien et d'une mère française, lui qui, installé depuis des décennies dans cette petite ville du Nord, croyait ne plus s'y sentir un étranger, découvre peu à peu combien autour de lui, les regards, les attitudes changent. Il y a quelques années, une jeune femme n'a-t-elle pas disparu dans le canal ? Alors, vous pensez, avec ce musulman, voire ce «bougnoule», tout peut arriver !
L'histoire de ce libraire est inspirée du «Petit Homme d'Arkhangelsk», de Georges Simenon, paru en 1956 : dans le roman, il se nomme Jonas Milk, il est philatéliste, juif russe d'origine. Le scénariste Jacques Santamaria en fait un Algérien, dans la France d'aujourd'hui. L'idée est d'autant plus excellente que le film d'Olivier Langlois, d'une grande délicatesse, n'apporte jamais un commentaire, mais va à petits pas, épouse, en un jeu de flash-back d'une fluidité épatante, la placidité apparente de Monsieur Joseph qui s'obstine à refuser l'évidence - les portes qui se ferment, les regards qui fuient - et, surtout, le départ de Tina (Julie-Marie Parmentier). Et on est là, avec lui, lorsqu'il revoit son étrange nuit de noces, la beauté du corps de Tina, si jeune, tellement plus jeune que lui, et avec laquelle il scellera un étrange pacte de confiance. Car Monsieur Joseph est, et reste, un homme énigmatique. Dans ce rôle - c'est l'autre bonheur de ce film -, on découvre le comique Daniel Prévost dans un registre totalement inédit, d'un calme sourd, d'une épure radicale. Il lui suffit de traverser une rue : tout, dans son allure raconte la pudeur de Monsieur Joseph, son impassibilité de façade, son obstination à croire en l'homme, et les lourds secrets de Youssef Joseph, qui crut pouvoir devenir citoyen de l'amour et de la France.
Odile Quirot
Sa femme, Tina, a disparu. Au début, il ne s'est pas inquiété, mais la fugueuse d'ordinaire prévient. Là, pas un coup de fil. Il cache son anxiété, s'attache à mener une vie normale, par exemple prendre son petit café matinal au bistrot du coin. Et lui, né Youssef, d'un père algérien et d'une mère française, lui qui, installé depuis des décennies dans cette petite ville du Nord, croyait ne plus s'y sentir un étranger, découvre peu à peu combien autour de lui, les regards, les attitudes changent. Il y a quelques années, une jeune femme n'a-t-elle pas disparu dans le canal ? Alors, vous pensez, avec ce musulman, voire ce «bougnoule», tout peut arriver !
L'histoire de ce libraire est inspirée du «Petit Homme d'Arkhangelsk», de Georges Simenon, paru en 1956 : dans le roman, il se nomme Jonas Milk, il est philatéliste, juif russe d'origine. Le scénariste Jacques Santamaria en fait un Algérien, dans la France d'aujourd'hui. L'idée est d'autant plus excellente que le film d'Olivier Langlois, d'une grande délicatesse, n'apporte jamais un commentaire, mais va à petits pas, épouse, en un jeu de flash-back d'une fluidité épatante, la placidité apparente de Monsieur Joseph qui s'obstine à refuser l'évidence - les portes qui se ferment, les regards qui fuient - et, surtout, le départ de Tina (Julie-Marie Parmentier). Et on est là, avec lui, lorsqu'il revoit son étrange nuit de noces, la beauté du corps de Tina, si jeune, tellement plus jeune que lui, et avec laquelle il scellera un étrange pacte de confiance. Car Monsieur Joseph est, et reste, un homme énigmatique. Dans ce rôle - c'est l'autre bonheur de ce film -, on découvre le comique Daniel Prévost dans un registre totalement inédit, d'un calme sourd, d'une épure radicale. Il lui suffit de traverser une rue : tout, dans son allure raconte la pudeur de Monsieur Joseph, son impassibilité de façade, son obstination à croire en l'homme, et les lourds secrets de Youssef Joseph, qui crut pouvoir devenir citoyen de l'amour et de la France.
Odile Quirot
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