Guy Faurot dans Ouest France : Au nom du père, contre la négation des camps
Au nom du père, contre la négation des camps
Guy Faurot, 67 ans, chez lui, à Segré. Les récentes polémiques suscitées par les négationnistes le mettent en colère. Les camps de concentration lui ont pris son père. Guy Faurot, 67 ans, chez lui, à Segré. Les récentes polémiques suscitées par les négationnistes le mettent en colère. Les camps de concentration lui ont pris son père.
A Segré, Guy Faurot cherche la vérité sur son père, déporté. Sa quête ne lui a pas apporté de réponses,pour l'instant. De la colère, oui. Contre les négationnistes.
Dans la vie, Guy Faurot, c'est un type jovial. Amateur de bretelles. Bavard comme pas deux. Investi dans la vie associative à Segré, où il vit. Président du conseil de développement, membre du Lion's club. Une figure locale.
Pourtant, à 67 ans, c'est encore un enfant. À l'intérieur. « Un môme qui pleure d'angoisse. » Parce qu'il ne sait pas...
Il ne sait pas ce qui est arrivé à son père, René. Un résistant lyonnais. Déporté, en 1945, dans le camp de Neuengamme, le plus important d'Allemagne. Il avait 27 ans. Guy en avait quatre. Aujourd'hui, il veut savoir. Depuis quatre ans, c'est sa quête.
Résigné à ne rien savoir
Pourquoi si tard ? « Je ne pensais pas que c'était possible. Je m'étais résigné à ne rien savoir. Je regrette de ne pas l'avoir fait avant. » Avant Internet, en l'occurrence.
Car Guy, c'est un curieux. Un jour, sur Google, il tape « Neuengamme ». Comme ça. Pour voir. « Là, une somme d'informations considérables m'est tombée dessus. » Il se dit que c'est possible. Et ne lâche plus.
Grâce au web, il établit des contacts. Avec d'anciens déportés, des gens qui ont connu son père. Et il apprend. Oui, René Faurot a bien été déporté à Neuengamme, après avoir été dénoncé. Mais il n'y est pas mort... « Il ne figure pas sur la liste... »
Alors Guy continue. Fourrage dans un passé troublé. N'en retire aucune certitude, mais, petit à petit, se forge une opinion. « Aujourd'hui, je pense qu'il y a une très forte probabilité pour que mon père soit mort sur le Cap Arcona. »
Un paquebot de très grand luxe, le Cap Arcona. Transportant, ce 3 mai 1945, en pleine débâcle allemande, près de 4 500 déportés, venus des camps de concentration de Neuengamme, Stutthof et Dora-Mittelbau. Avec eux, 2 800 malheureux, entassés sur un autre navire, le Thielbeck. 1 998, sur l'Athen. L'objectif des nazis était clair : massacrer les déportés et couler les bateaux. Pour effacer la trace des abominations commises dans les camps. Pour qu'on ne sache pas...
Les bateaux ont bien coulé. Mais ce fut sous les bombes, larguées par l'aviation britannique, la Royal Air Force. Elle ne s'est jamais expliquée. 7 500 morts. La plus grande catastrophe maritime de l'Histoire. Loin devant le Titanic.
« J'ai presque de la haine »
René Faurot serait donc mort ce 3 mai 1945 ? Son fils le pense. Mais il veut en être sûr. Prochainement, il se rendra en Allemagne. À Dresde. Il espère y retrouver Helmut, un ami de son père. Et parler avec lui.
En attendant, Guy poursuit sa vie. Jovial, bavard. Mais en colère. Contre l'évêque Williamson. Contre les négationnistes. « Quand j'entends leur thèse, j'ai presque de la haine. La véracité historique des camps ne peut pas être remise en cause ! »
Parce qu'elle a privé un fils de son père, voilà tout. Parce qu'aujourd'hui encore, chez Guy Faurot, il y a un enfant. Un môme qui pleure d'angoisse. Et qui voudrait être rassuré.
Jean-Philippe NICOLEAU.
Ouest-France
Un grand merci à Guy Faurot...bravo
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