dimanche, avril 05, 2009

GUERET - Littérature jeudi 25 septembre 2008 - 20:26 les libraires : belle alchimie et comptes d'apothicaire...dans le Populaire

Éric Donzé Commencer par la fin. Pourquoi pas. Pierre Michon a désiré entamer ces 3e rencontres de Chaminadour par la dernière étape avant le lecteur : le libraire. Mais attention, le vrai libraire ! Celui que Michon, fil rouge des Rencontres, a voulu mettre en lumière par une ombre : celle de Jean Rome, libraire clermontois dans l'échoppe duquel Michon étudiant s'est fait introduire « à la grande littérature plus que ne l'a jamais fait la fac de lettres. Jean Rome est mort, je viens de l'apprendre, il y a deux jours ». Hommage, donc, à feu Jean Rome et à Gracq, aussi, puisque « sa renommée s'est construite par le, travail quotidien des libraires qui l'aimaient plus que les médias ». Autour de la table, trois libraires bien vivants : Pierre Landry, le Tulliste porteur d'un « librairisme » radical : chez lui, il ne vend que les livres qu'il aime : jamais d'office (*)ni, donc, de renvois : et pas de PPDA, ni de Signol ou de Peyramaure. Je ne juge pas, je prends pas ». Jean-Paul Tingaud, le Guérétois, se battant ici contre la toile mondiale : « C'est vrai, on trouve tout ce que l'on cherche sur Internet. Mais dans une librairie, on trouve ce qu'on ne cherchait pas ». Et puis Alain Girard-Daudon, le Nantais, qui fut le libraire de Gracq. En vérité, Michon est clients des trois : « Il y a comme un toboggan direct qui vide mon portefeuille vers leurs librairies ». Mais Michon a son image, sa définition de la librairie : « c'est une officine magique, elle ne peut être que petite. Et dedans trône, seul, un alchimiste, un maître obscur du savoir qui vend des choses sulfureuses vous entraînant dans des voyages que vous n'auriez jamais faits. Un prof de littérature doit avoir une vision objective de la littérature, pas le libraire qui peut aimer ou détester, guider voire dicter un choix ». (*) Les paquets de livres qu'envoient les éditeurs sans laisser un vrai choix au libraire. En échange, ils s'engagent à reprendre les invendus.