mardi, octobre 14, 2008

« Dialogues sur la condition post-moderne » produit par Roger Pillaudin - France Culture 18 décembre 1979

La pensée post-moderne
D’après « Dialogues sur la condition post-moderne » Jean-François Lyotard avec Vincent Descombes, produit par Roger Pillaudin - France Culture 18 décembre 1979

* Il y a eu des post-modernes à toute époque même si c’est généralement après la modernité
* Légitimer par la narration : humanisme émancipateur français et idéalisme allemand
* La fin des récits et le post-modernisme
* Quelle place pour la philosophie si elle n’est plus là pour légitimer ?

Il y a eu des post-modernes à toute époque même si c’est généralement après la modernité
Post moderne consiste à désigner et à repérer quelque chose qui se passe après la modernité mais parfois également avant ou pendant (par exemple Diderot avec le « neveu de Rameau » ou « Jacques le fataliste » sont a ses yeux post modernes). Les post-modernes sont post-romantiques mais on pourrait trouver aussi des post modernes chez les grecs)

Légitimer par la narration : humanisme émancipateur français et idéalisme allemand
Les hommes ont cherché à résoudre le problème de la légitimation :« qu’est-ce qui permet de dire qu’une action est juste ou qu’un exposé est vrai »)

La solution a été trouvée à la fin du XVIIIème siècle en France et en Allemagne dans des édifices théoriques ou idéologiques :

* Le récit de l’humanisme émancipateur chez les français (par exemple Condorcet)
* Le récit de l’idéalisme allemands (par exemple avec Ficht, Schleiermacher, Hegel).
o L’idéalisme doit donner leur légitimité à l’étude par l’université des savoirs positifs.
o Les allemands pensaient que la philosophie était la faculté qui servait à sauver les autres savoirs de la simple positivité, c’est à dire de la stupidité.
o C’est dans cette faculté que les autres savoirs venaient au savoir d’eux même, savoir sur le savoir c’est à dire la spéculation.


Il n’y a qu’avec Marx que les deux courants sont réunis mais dans les deux cas la légitimation nécessite un parcours temporel (le temps est fondamental par exemple dans Hegel). La légitimation s’est faite donc à travers quelque chose qui ressemble à un « grand récit ».

Le romantisme est une version possible où ce différé perpétuel du savoir et de l’expérience est perçu comme quelque chose de connoté comme une perte (absence de Dieu par exemple) et donc perçu comme une forme de nostalgie ou de détresse.

La fin des récits et le post-modernisme
Mais il y a une puissance propre de la narration. Elle ne peut s’interpréter que dans le rapport entre le narrateur, le narrataire (le personnage dans une narration à qui on raconte le récit, l'équivalent du narrateur), et le récit. On a donc bien d’autres choses que le signifié (Voir aussi le discours chez Lacan)

Pour Jean-François Lyotard : Ces récits ne sont plus crédibles. L’idée que « L’histoire du savoir est l’accession de l’esprit à lui même » a fait faillite avec les deux guerres mondiales et par la suite, avec la subordination de la science à des fins de pragmatiques de performance (quelle quantité d’énergie dépensés par rapport à l’énergie utile produite). On ne peut plus croire au récit idéaliste allemand

« Ce qui s’use ce n’est pas tellement le récit mais la faculté de légitimer qui avait été assignée à ces récits »
D’un certain point de vue, le post moderne serait la satire, c’est à dire la saturation de tous les genres.

Quelle place pour la philosophie si elle n’est plus là pour légitimer ?
Le philosophe a utilisé malgré tout le récit mais de façon mineure. A partir de la tradition française et de la tradition post kantienne, le récit n’est plus là.

« La philosophie est en train d’être totalement déplacée par cette opération. Elle ne peut plus apparaître comme l’endroit où l’esprit vient à lui même dans la connaissance de ses activités soit pratique soit de savoir. » … comme le lieu de la légitimation (même si Hegel considère que ce terme est à mépriser)

« La philosophie en tant que telle ne peut pas continuer, ou alors on va lui faire jouer un rôle abominable, c’est à dire le rôle que tel ou tel philosophe allemand pas plus idiot qu’un autre a essayé de jouer pour donner au nazisme le fondement qui lui manquait c’est à dire un fabriquant des mythes ou du fascisme ».