Jean-Marie Girard : « C’est dans la lumière de la Touraine que j’ai construit ma vision. » dans la Nouvelle République
Les arts réunis au château de Cangé
Jean-Marie Girard : « C’est dans la lumière de la Touraine que j’ai construit ma vision. »
Le peintre Jean-Marie Girard est l'invité du Week-end des arts, rendez-vous
de la musique, de la poésie et de la peinture. Rencontre avec un regard.
C'est devenu une tradition : au cœur de l'hiver, les arts se donnent rendez-vous le temps d'un week-end au château de Cangé à Saint-Avertin. Dans ce lieu de partage, chacun apporte ce qu'il a de meilleur : l'Atelier, la musique, Bernard Pico, les mots gourmands de la poésie, et cette année, Jean-Marie Girard, le rêve coloré de ses toiles.
La silhouette trapue de ceux qui aiment la terre, l'ardeur de ceux qui aiment la vie, à 80 ans, Jean-Marie Girard pose sur le monde un regard vif, et sur la toile, une main exigeante. Encore adolescent, il apprend la force d'une « structure qui chante » en visitant une cathédrale, en écoutant Bach ou en lisant Verlaine.
A 17 ans, « j'ai eu mon chemin de Damas : Cézanne ». C'est le choc : « La beauté, l'équilibre, la vérité peuvent se cacher aussi dans un simple pot et quelques pommes. » Son père le voyait architecte, lui maintenant le sait, il sera peintre. Edgar Dinzart lui enseigne « l'importance de la rigueur » à l'Ecole des beaux-arts de Tours, mais l'œil de ce « villageois » se nourrit aussi aux horizons de la vallée de la Loire, toujours un crayon en poche pour fixer l'atmosphère de l'instant éphémère. « J'ai beaucoup marché et regardé », toujours en quête de la trace de poésie que recèle un « paysage avant l'orage où la nature est en fièvre » mais aussi « la table de ma cuisine, cézannienne sans le savoir ».
Au fil des années, le regard devient plus vif : « Quand on vieillit, on voit mieux ! » En touches si vives qu'on les jurerait fruit d'un « instant d'humeur » et pourtant, si patiemment reprises, Jean-Marie Girard donne à voir « la réalité ». Et de commenter ce petit format croqué lors d'une répétition de ses amis de l'Atelier musical : « Le chemisier vert de la violoniste était d'un autre vert que celui que j'ai peint. (Il réfléchit). En fait, il était bleu. Mais pour dire l'atmosphère que je ressentais à ce moment-là, je n'avais pas besoin de ce bleu… ! (sourire) Si, si, je suis un peintre réaliste : c'est être honnête avec la réalité que de témoigner de ce que l'on a vécu. »
Correspondant NR : Philippe Haller
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