mardi, janvier 22, 2008

La Suisse panique devant une éventuelle pénurie de cervelas dans LE MONDE

La Suisse panique devant une éventuelle pénurie de cervelas
LE MONDE | 21.01.08 | 15h19 • Mis à jour le 21.01.08 | 15h19
GENÈVE CORRESPONDANCE


La saucisse nationale suisse est en danger. Depuis presque une semaine, le cervelas, ce petit boudin rose de 12 centimètres de longueur et 3,8 centimètres de diamètre, consommé à 160 millions d'exemplaires par an, fait la "une" de l'actualité. Le boyau de zébu brésilien qui sert d'enveloppe à ce pilier de la culture nationale helvète, et qui permet de lui donner un croquant et une courbure si caractéristiques, pourrait faire défaut dans six mois, les stocks étant épuisés.

La fautive : l'Union européenne, dont la Suisse n'est pourtant pas membre. Depuis le 1er avril 2006, Bruxelles, par souci de prévention contre l'encéphalite spongiforme bovine (ESB), a interdit l'importation de boyaux de bovins en provenance du Brésil. Cette directive est suivie par Berne. Les consommateurs et les professionnels du secteur cherchent une alternative. Outre la mise en place d'un groupe de travail comprenant des industriels de la viande, du commerce des boyaux, des scientifiques et des membres de l'Office vétérinaire fédéral, une conférence de presse s'est tenue, mardi 15 janvier, à Zurich.

Rölf Büttiker, sénateur du canton de Soleure et président de l'Union professionnelle suisse de la viande (UPSV), a expliqué qu'une pénurie durant l'Euro de football 2008, en juin, était impensable. "Ce serait comme un pompier sans eau", a-t-il déclaré, rappelant que la saucisse, consommée en salade, en grillades, omniprésente lors des fêtes, vacances et pique-niques en famille, revêtait "une dimension sociale et politique au même niveau que le chocolat".

L'UPSV a annoncé avoir testé douze solutions pour remplacer les zébus brésiliens. Trois semblent acceptables : le boyau de boeuf d'Uruguay, qui présente presque les mêmes qualités, mais est produit en trop petites quantités ; celui du porc chinois, qui, s'il se comporte bien à la cuisson, est difficile à peler ; et enfin une enveloppe à base de collagène dont le défaut serait de brûler trop vite.

En attendant, les producteurs croient encore pouvoir convaincre l'Union d'accorder à la Suisse "une fenêtre d'importation". Le Conseil fédéral (gouvernement) a été sollicité pour intervenir auprès de Bruxelles.

Agathe Duparc