Telerama: « Suspendus dans le vide… », par Jean Lebrun
« Suspendus dans le vide… », par Jean Lebrun, producteur de "Travaux publics" sur France Culture
Chaque journaliste est persuadé que les autres sont radicalement différents de lui. Pour ma part, je me suis même persuadé qu'ils naviguent à des années-lumière de mon vieux cargo du service public. Les entrepreneurs de presse les ont encapsulés dans des vastes media industrial centers : ils leur est demandé, comme aux traders, mais les primes en moins, de flairer les tendances dans le monde alors qu'ils ont le nez dans les écrans et jamais dehors. Parfois certains sortent mais c'est pour être disposés en pools, par exemple en Camargue entassés sur une remorque à fourrage face à un candidat à cheval en puis, une fois qu'ils ont contribué à le faire élire, derrière une barrière dans la cour de l'Elysée.
Notre société prétendue libre n'est plus faite que de maisons closes. Je ne peux plus entreprendre le moindre reportage sans demander le code à un service de communication. Et c'est la même chose au Louvre que chez Carrefour. A mesure que le pouvoir, autrefois cantonné aux grands lieux de l'Etat, s'est dilué, n'est plus devenu identifiable, chaque responsable de rang intermédiaire s'est construit un palais au rabais où il se dissimule pour faire croire qu'il dispose d'une influence qu'il n'a pas. Et les médias ne sont pas en reste, qui ont contribué à détruire les pouvoirs sans réussir à construire un contre-pouvoir : leurs sièges sont parmi les plus impénétrables... Ceux qui se croient les maîtres du monde sont en réalité suspendus dans le vide.
Chaque journaliste est persuadé que les autres sont radicalement différents de lui. Pour ma part, je me suis même persuadé qu'ils naviguent à des années-lumière de mon vieux cargo du service public. Les entrepreneurs de presse les ont encapsulés dans des vastes media industrial centers : ils leur est demandé, comme aux traders, mais les primes en moins, de flairer les tendances dans le monde alors qu'ils ont le nez dans les écrans et jamais dehors. Parfois certains sortent mais c'est pour être disposés en pools, par exemple en Camargue entassés sur une remorque à fourrage face à un candidat à cheval en puis, une fois qu'ils ont contribué à le faire élire, derrière une barrière dans la cour de l'Elysée.
Notre société prétendue libre n'est plus faite que de maisons closes. Je ne peux plus entreprendre le moindre reportage sans demander le code à un service de communication. Et c'est la même chose au Louvre que chez Carrefour. A mesure que le pouvoir, autrefois cantonné aux grands lieux de l'Etat, s'est dilué, n'est plus devenu identifiable, chaque responsable de rang intermédiaire s'est construit un palais au rabais où il se dissimule pour faire croire qu'il dispose d'une influence qu'il n'a pas. Et les médias ne sont pas en reste, qui ont contribué à détruire les pouvoirs sans réussir à construire un contre-pouvoir : leurs sièges sont parmi les plus impénétrables... Ceux qui se croient les maîtres du monde sont en réalité suspendus dans le vide.
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